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Ministère de la Magie |
Déconvenue. Incompréhension. Incroyable comme une simple odeur, un très léger parfum, suffit à provoquer une tornade. Aveline a toujours eut un étonnant flair, peut-être est-ce là ce qui la destinait à devenir rafleur plutôt que de récolter les lauriers d'un poste d'auror. Bien sûr, jamais la sorcière ne s'est imaginée flairer sur son propre mari le début d'une piste. Ou plutôt, l'ombre d'un soupçon.
Car il n'est pas impossible qu'elle fasse fausse route. Elle l'espère, la simple perspective qu'il la trompe la plongeant dans une rage noire. Ce n'est ni de la jalousie, ni des sentiments blessés : il s'agit de son honneur, déjà piétiné de trop nombreuses fois à cause de sa salope de mère. Être bafouée de la sorte, comme son père avant elle, aurait quelque chose de terriblement enrageant.
Alors Aveline récupère la veste de Gabriel discrètement, et y trouve une preuve supplémentaire, un minuscule indice : un cheveu blond comme les blés. Et, fouillant les poches de son cher époux, la dernière pièce tombe entre ses mains. Un morceau de papier présentant, d'une écriture raffinée, l'actuelle programmation de la Compagnie Vertigo. « Petit bâtard, lâche-t-elle. »
Elle vient juste de rentrer du Ministère, mais aussitôt la découverte faite, elle renfile son manteau et jette une poignée de poudre dans la cheminée. L'allée des Embrumes est plutôt calme, malgré la soirée bien avancée. Ce n'est pas un jour d'ouverture pour les commerces vendant de l'alcool ou autorisant les festivités, alors rares sont ceux encore dans les rues. Pour ne rien arranger, ce n'est pas soir de représentation au Cabaret Onirique - elle espère quand même que les artistes soient là. Avant de pousser l'imposante double porte, elle baisse la capuche de son manteau et passe sa baguette devant son visage pour faire apparaître le masque de mangemort ayant longtemps appartenu à son père. Elle se cache très rarement derrière celui-ci, mais les circonstances sont particulières.
La porte n'est pas verrouillée et elle découvre rapidement qu'une répétition est en cours. Quelques minutes, Aveline observe, restant immobile au fond du Cabaret. Sur scène, une seule femme attire son attention : une blonde au port altier, dont se dégage quelque chose de bien particulier. Aveline pince les lèvres. Elle s'avance, attirant finalement l'attention de la directrice. Une Greengrass, si sa mémoire ne lui joue pas de tours. La Nott s'approche juste assez pour pouvoir lui parler à voix basse.
« Je dois parler à l'une de vos artistes. La blonde. »
Du doigt, elle la désigne sans la moindre discrétion.
« Parler ? Vous voulez dire, faire appel à ses services ? Bien sûr, mais sans vouloir vous insulter, je dois vous rappeler que Gigi a une grande valeur à nos yeux. »
Brièvement surprise, Aveline marque un temps d'arrêt avant de comprendre. C'est une pute, tout simplement. Son mari fait appel à une pute ? Est-ce plus humiliant que d'être trompée avec une femme de son propre rang ou devrait-elle se réjouir qu'il ne cherche qu'à satisfaire de bas instincts ?
« Peu importe. Je paierai ce qu'il faut, marmonne-t-elle pour toute réponse. »
La Greengrass hoche la tête, visiblement satisfaite par la promesse - peut-être le masque l'encourage-t-il à faire preuve d'une certaine flexibilité. Levant le bras, elle fait signe à la blonde de descendre de scène.
« Madame désire te parler en privé. »
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Ouroboros | Initialement, Gigi avait prévu de rater cette répétition. Pas tant par obligation annexe que parce qu'elle est lasse de cette vieille pièce, et de ses éternels partenaires. Ils l'ennuient. Tout l'ennui. Pire, ça la rend amère. De sourire, de danser vainement. Surtout de sourire. Mais tant pis. Aussi longtemps qu'elle est sur scène, sous les feux des projecteurs, pour une personne, ou cent milles, le sang de vélane qui coule dans ses veines déploie son plein potentiel sur les planches. Tout du long de la répétition, son regard s'attarde ponctuellement sur Leona, qui assiste des gradins, sans même plus se donner la peine, d'elle, monter sur scène. Les privilèges d'être la Directrice, hein ? D'ailleurs la Directrice l'appelle. L'appelle d'un geste de main comme on siffle un chien. Gigi lui aura jeté son poudrier au visage si elle n'avait pas remarqué la silhouette quasi-fantomatique près de Leona. Un mangemort. Une, visiblement.
Ils savent tous ce que parler en privé signifie. Et ce qu'une entrevue avec Gigi rapporte grosso-modo à la compagnie.
Alors la répétition s'arrête net. Sans les deux rôles principaux, inutile de continuer, et de toute façon, ils avaient bientôt terminé. D'un pas gracile, quasi-séraphique, la vélane descend de la scène pour combler la distance qui la sépare du duo. Un sourire doux et très élégant s'étend sur son visage. Un mensonge. Mais un beau mensonge. Si souvent itéré qu'il passe pour la plus honnête des vérités. Personne ne sait quand elle ment. Pas même celle qui partage son âme.
« Madame. Salue-t-elle poliment en effectuant une petite révérence. »
Le masque l'intrigue. D'habitude, les mangemorts font preuve de plus d'impunité. C'est qu'aujourd'hui, coucher avec une vélane est un crime. Coucher avec une femme lorsqu'on est soi-même une femme est également un crime, dépendant de qui l'on est. Une mariée ? Une pure, peut-être ? Les théories se ficellent dans les méandres organisées de l'esprit. Une portion d'elle-même aime qu'on ait le sens du théâtre et du mystère -ça l'excite-, l'autre, plus prédominante, aurait préféré que Leona exige qu'on tombe le masque. Pour qu'elle sache au moins à qui elle a affaire, n'est-ce que vaguement, n'est-ce que de visage (un visage dit déjà beaucoup).
« Si vous voulez bien me suivre. »
Elle irradie de cet attrait typiquement vélane. Son ton est amène, chaque geste calculé : Gigi ne lésine jamais sur le respect, la politesse et les manières. Ensuite, selon ce qu'on lui dit, selon ce qu'on lui donne et lui ordonne, elle ajuste ses réactions, s'adapte à ce qu'on voudrait qu'elle soit.
Car Gigi Goderitch est la femme de tous les rêves, même les plus fous et plus stricts.
_________________ Il leur faut moins de deux minutes à serpenter les couloirs pour atteindre la pièce où tout va visiblement se dérouler. Les couleurs sont neutres, la décoration de bon goût. A peu près tout est faux, ou du moins, revêt un charme magique pour arborer une autre apparence. La personnalisation de la chambre et l'ajout d'accessoires est possible si le rendez-vous est pris en amont. Ici, ce n'est pas le cas. Mais Gigi aime à penser que la décoration n'est qu'un vulgaire bonus, et que sa beauté surnaturelle se suffit dans toutes les circonstances possibles.
« Mettez-vous à votre aise, je vous en prie. Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? A manger ? »
Le Cabaret Onirique met un cuisinier et un barman à leur disposition en tout temps : certains clients sont sourcilleux. Ils sont prêts à y mettre le prix, mais en contrepartie, ils se permettent d'exiger qu'on assouvisse le moindre de leurs désirs. En conséquence, Gigi avance dans la pièce, rallie une petite ardoise magique en tête d'un large bureau. Un mot, et elle passera la commande.
« Je suis désolée, je n'avais pas prévu de recevoir quelqu'un cet après-midi. Peut-être préféreriez-vous que j'abandonne le costume ? »
Ils viennent tous pour le personnage. Tous. Alors elle est à peu près certaine que le costume ne gêne pas. Mais ce n'est pas non plus la question. Malgré l'innocence et la décence qui clairsèment la voix, le double-sens est évident. Le sourire chaleureux n'a jamais disparu revêt même quelques reflets pétillants.
Voila quelques miettes, quelques appâts lancés pour commencer à dessiner le portrait de son inconnue.
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La blonde descend les marches de la scène et Aveline comprend soudain. Particulière, oui. Beauté surnaturelle serait le terme exact. Le sang des vélanes ne se voit pas forcément du premier coup d’œil, mais la froide Aveline sait reconnaître l'inhabituelle sensation entre ses reins. Ses poings se crispent, ses dents crissent, toute entière elle se révolte contre l'envie qui naît contre sa volonté. Il y a des années qu'Aveline a conscience de son attirance pour la gente féminine. Des années à ignorer sciemment cette tendance, à présent réveillée par le spectacle obnubilant de Gigi approchant.
Elle la suit sans dire un mot, la gorge sèche et l'esprit pullulant de questions. Si c'est avec cette femme que son mari la trompe, comment pourrait-elle faire le poids ? Se débarrasser de la demi-vélane risque d'être l'unique solution pour faire disparaître tout danger.
Arrivée dans la pièce réservée à ces entretiens privés, elle réalise brusquement dans quoi elle s'est embarquée et le défi qui l'attend. Pour découvrir si cette Gigi est bien la coupable, quelques questions ne suffiraient pas - il faudrait être fine. Bien sûr, la forcer à avouer sous la contrainte pourrait être une méthode, mais Aveline n'a pas spécialement envie de froisser les Greengrass et quel triste gâchis ce serait, surtout si la belle n'est pas la responsable. Peut-être fait-elle fausse route. Peut-être la compagnie compte-t-elle une autre blonde, absente ce soir.
Les bras ballant, elle promène un regard sceptique sur l'endroit. Il est convenable, au moins. Elle n'hésite que brièvement avant de commander une boisson, comme n'importe quel client aisé le ferait - du moins, telle est sa théorie.
« Un verre de vin, s'il vous plaît. »
Il lui faut vendre le numéro de la cliente, au moins un temps. Observer les réactions de Gigi, chercher à percer la grâce pour dévoiler la crasse qui se tapit sûrement là dessous - une prostituée ne peut guère cacher longtemps sa vraie nature, après tout. Fixant la créature, Aveline ouvre de grands yeux à sa dernière question. C'est tout ce qu'on peut apercevoir d'elle pour le moment : ces deux billes vert d'eau lorgnant sur la délicieuse créature avec une sorte de fascination presque ingénue.
« Je ne sais pas... fait-elle, feignant l'inexpérience sexuelle avec un certain talent. Pour être honnête, je n'ai jamais payé pour ça... Vous dansez, non ? Je veux bien vous voir danser. »
Une part d'elle cherche à se secouer - elle n'est pas là pour ça, bon sang. Elle devrait simplement jeter la garce au sol, lui coller sa baguette dans l’œil et voir ce qui sortirait de ces lèvres au sourire si charmant. Ce serait tout aussi agréable que de la voir danser, d'ailleurs, peut-être même plus. Elle lui déchirerait ensuite les vêtements un par un, en lui demandant si elle jouissait quand Gabriel venait profiter de ses services...
À nouveau, ces pensées malvenues. La sorcière essaie de s'en libérer en fermant les yeux, luttant pour calmer son imaginaire galopant.
« Vous pouvez enlever le costume... en même temps, lâche-t-elle d'une voix hésitante. Et racontez moi comment vous faites. Avec les autres clients. »
La faire parler ne doit pas être si difficile - les putes sont bavardes, non ?
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Ouroboros | En même temps que Gigi termine de commander une bouteille de rosé, elle écoute les recommandations de sa cliente, les intonations dans la voix, l'hésitation dans les mots, la retenue des gestes. Peut-être est-on prude, peut-être est-on honteuse. La sang de vélane ajuste sensiblement ses humeurs, émane d'une assurance plus notable. Les timides sont, en général, plus difficiles à satisfaire, car il est nécessaire que Gigi manœuvre et dirige pour les amener quelque part, mais sans que ça soit trop remarquable, parce qu'un égo a vite fait d'être froissé et que s'il y a un accident, elle en sera forcément la coupable désignée. Peu importe ce qui se passe. Peu importe si elle est violée, rouée de coups ou inconsciente... Les hybrides sont toujours perdants. Cette pensée agite ses intérieurs, la laisse aigrie par ce monde, or sa façade reste parfaitement lisse et, au milieu de la pièce, son corps se meut instinctivement pour satisfaire les désirs de celle qui paie. Ses mouvements sont lents, d'une sensualité qui paraît caresser sans toucher.
« Que voulez-vous savoir exactement ? Demande la voix d'une innocence qui craquelle dangereusement sur de l'obscène. »
La question semble rhétorique. Mais la réponse n'arrive pas tout de suite. On dirait que Gigi joue une chorégraphie parfaitement millimétrée et que les pas ont besoin d'un moment de répit, d'un moment de silence érotique pour que la suite prenne du sens. Elle ne tarde pas à perdre la cape pour dévoiler ses épaules et son dos laissé nu par une robe déjà bien échancrée. Le sourire revêt des reflets plus mystérieux, plus espiègles. Malgré la maîtrise évidente de ce qui est entrain de se dérouler de terrible et de terriblement beau, Gigi ne paraît jamais fausse.
« Est-ce que vous voulez savoir ce qu'ils exigent ? Commence-t-elle finalement à dérouler. Est-ce que vous voulez savoir comment ils me touchent ? Continue-t-elle en se rapprochant sensiblement. Comment je les touche ? »
Son invitée n'a toujours pas laissé tomber le masque. Gigi suppose que l'on n'est pas encore assez à l'aise pour. C'est pour ça qu'elle n'a pas essayé de la toucher. Elle préfère d'abord jauger comment on réagit lorsqu'on se rapproche. Certains deviennent vite violents. Et elle pourrait le devenir à son tour. Elle rêve déjà de l'arracher pour le lui faire avaler. Les pulsions palpitent, crépitent. Certains se contentent aussi de regarder. Les profils sont divers. Aussi divers qu'il y a de sorciers. Il faut chacun les appréhender en conséquence. Elle ne reste pas longtemps là, de toute façon, sa danse l'amène à s'éloigner.
« Est-ce que vous voulez savoir comment ils me prennent ? Comment ils jouissent ? »
Les mots deviennent plus crus, le sourire plus mauvais, alors que ses gestes dansés la conduisent dans le lit où elle s'étire lascivement et se languit. Tout ce temps, son regard n'a pas quitté le masque de mangemort. Tandis qu'elle retire ses collants d'une manière quasi-féline, ses yeux brillent d'une lueur dangereuse, de celle qui mérite la torture ou de celle qui attend de dévorer sa proie. On ne sait pas exactement dire, car la haine et l'amour ne sont pas si différents l'un de l'autre, que Gigi a appris à jouer habilement des deux pour les confondre elle-même. Pour que lorsqu'elle étrangle un client sur commande il ne voit pas qu'elle lutte chaque instant pour ne pas aller au bout, pour que lorsqu'elle fouette quelqu'un il ne voit pas qu'elle se délecte des rougeurs et de la souffrance à vouloir en faire couler le sang, à vouloir en répandre les entrailles jusqu'à ce qu'elles atteignent les caveaux de leurs ancêtres. Pour que ses envies de meurtre passent pour des prières charnelles.
« Je peux vous montrer... »
Ses mains remontent le long de ses cuisses, retroussent les pans de la robe pour dévoiler la peau. Doucement. Dans le même temps, ses lèvres légèrement entrouvertes simulent l'étouffement d'un gémissement. Chaque mouvement, chaque bruissement est un délice pour les yeux et ressemble à une danse.
Elle est douée pour ces jeux là, hypnotique en sa qualité de vélane, irrésistible en sa qualité de femme, et incitatrice en sa qualité d'artiste.
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Les yeux d'Aveline suivent la silhouette et le moindre de ses mouvements, attentifs à chaque arrêt, au subtil balancement des hanches, au bruissement du tissu quittant ses épaules pour choir. Surprise de ne pas la voir s'approcher, la sorcière en est presque soulagée ; elle ignore comment elle aurait réagi si la blonde avait voulu la toucher.
Les mots provocateurs sont presque plus efficaces que le spectacle, pourtant si savamment orchestré. Gigi a-t-elle séduit Gabriel de cette façon ? Elle s'interroge, avec une curiosité avide : peut-être même a-t-il cette vision en tête, quand Aveline n'est pas là et qu'il se satisfait seul. A-t-il l'audace de penser à la demi-vélane même lors de leurs ébats ? Si jusqu'ici, ces pensées faisaient grandir la chaleur au creux de ses reins, cette dernière perspective éveille des émotions contradictoires. Ses poings se serrent avec une violence inouïe, les ongles perçant la peau jusqu'à la faire saigner.
Elle ne réagit pas à la douleur, son regard toujours fixé sur Gigi : comme protégée par son masque, la sang-pure n'arrive pas à avoir honte. Pourquoi se priver d'un tel tableau ? Ses hésitations s'envolent un peu plus à chaque mot s'échappant des lèvres de la demi-vélane. Cette voix ensorcelante arrache ses barrières une à une, et pourrait aussi bien directement la déshabiller.
Cette fois, Aveline ne se secoue pas. Elle laisse son souffle s'accélérer, le rouge monter à ses joues, mais résiste à l'envie de se toucher tout en regardant, et en écoutant, cette représentation destinée à elle seule.
Finalement, c'est la chaleur qui la pousse à se débarrasser de son manteau. Ôtant la capuche, elle le laisse glisser au sol. Ses gestes sont incertains, mécaniques, à des lieux de l'élégance de Gigi. Ses cheveux, ainsi libérés, ont retrouvé leurs boucles naturelles après une journée de travail dans l'humidité londonienne. La robe noire qu'elle porte se veut aussi pratique qu'élégante, lui arrivant aux genoux ; seule la dentelle entourant le col et les épaules rappelle son devoir de toujours afficher son rang. Dans le haut du panier. Les talons sur lesquels elle est juchée lui sont aussi détestables que familiers, après des années à supporter cet inconfort. Malgré elle, Aveline ne peut s'empêcher de se comparer à la créature onirique lui faisant face. Aussi souillé que soit son sang, les formes discrètes d'Aveline font piètre figure à coté, sans parler des traces persistantes de ses deux dernières grossesses. Elle aurait pu les faire disparaître avec un peu de magie mais Gabriel a insisté pour qu'elle les garde. Idiot sentimental.
« Oui... Montrez-moi. Et décrivez-moi. Comment sont-ils, ces hommes ? Vous traitent-ils avec méchanceté ou avec tendresse ? Ressentent-ils la culpabilité ? »
Malgré elle, sa voix porte son désir aux oreilles de la prostituée. Elle se maudit silencieusement, pinçant les lèvres avec force. Au diable les interdictions. Incapable de rester plantée là plus longtemps, elle fait disparaître la distance la séparant du lit et pose un genou sur celui-ci, à coté de Gigi. Derrière le masque, sa bouche s'entrouvre alors qu'elle hésite brièvement, sa main survolant une cuisse dénudée. Finalement, c'est un poignet qu'elle saisit soudain, interrompant son mouvement. Sans grande douceur, elle guide la main de la demi-vélane jusque sous le tissu cachant son intimité, l'incitant à se toucher elle-même.
« Fermez les yeux et racontez-moi. Est-ce qu'ils vous donnent du plaisir ? Ne mentez pas..., intime-t-elle, sa prétendue timidité en partie envolée. »
Elle la lâche presque aussi vite, comme brûlée par ce contact pourtant bref. Qu'est-elle en train de faire, par Merlin ? Obtenir des informations, bien sûr. Des réponses à ses questions. Rien d'autre.
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Ouroboros | /!\ RP bardé de propos graphiques et sexuellement explicites.- Spoiler:
Le voyeurisme est un fantasme plutôt commun. Alors les questions de son invitée ne lui paraissent pas dérangeantes. Gigi est même plutôt satisfaite des effets immédiats de sa petite mise en scène. Au moins capte-t-elle que l'on n'est pas complètement hermétique à ses charmes. Malgré le masque qui cache le visage, elle peut lire le désir en filigranes dans les mots, dans le corps qui se dénoue, dans les épaules dénudées, ou la chevelure brune libérée... La sang de vélane absorbe les détails, les décrype et les intègre, tout en prenant soin d'entretenir le suspense et l'intérêt de sa cliente. C'est facile. Ces gens-là marchent à l'égo. Les voyeurs d'autant plus qu'ils se sentent facilement supérieurs à ceux qui agissent, ceux qui osent se souiller directement dans les draps d'une telle créature.
Mais personne ne résiste longtemps.
Et celle-la ne déroge pas à la règle. La mort se rapproche, commande la main de Gigi d'une façon un peu brusque. Le sourire de l'hybride se déchire avec vice. La rage crépite dans le feu de ses entrailles, passe aisément pour une passion dévorante auprès de son public. Tous les mêmes, des porcs et des détraqués. A chaque fois qu'ils la prennent, à chaque fois qu'ils la touchent, ou juste l'effleurent, une drôle de pulsion lui mord l'échine. Et elle se voit. Elle se voit leur planter ses pouces dans les yeux. Elle se voit leur mordre les doigts pour les arracher. Elle se voit leur retourner la peau pour les étouffer avec. Elle se voit et rêve des pires façons de les faire souffrir. Si Gigi voulait, ces pensées pourraient suffire à la faire venir. Mais le spectacle doit durer. On doit en avoir pour son argent. Et elle doit en avoir pour sa peine. Alors comme demandé, elle ferme les yeux et fait glisser ses doigts entre les franges humides de son entrecuisse, sans se formaliser du retrait honteux de la main. Une qui ne s'assume pas, note-t-elle. Son autre main vient malaxer un de ses seins. Savamment, la vélane pince sa lèvre inférieure de ses dents, et fait mine d'avoir du mal à se retenir de gémir. Du mal à parler et à réfléchir. Pourtant, les pensées flottent stratégiquement dans son esprit, d'un ordre strict et organisé. Les années ont beau l'avoir usée, elles l'ont aussi habituée à contrôler son corps au millimètre et à se jouer de ces réactions.
« La plupart sont brusques et pressés. Ne ment-elle pas. Ils aiment les endroits insolites... Les murs, les décors urbains. Comme ils se doivent d'être socialement... Corrects avec leurs épouses, ils se permettent toutes les bestialités avec moi. »
La voix transpire le stupre et est coupée par quelques halètements. Il y a une part de vérité qui rend ses propos plus crédibles. Mais Gigi gère le rythme de son récit avec adresse, se place en victime à dessein, et fabrique intentionnellement (et à la perfection) certains faits. Il y a autre chose que les voyeurs aiment : se retrouver dans la place du héros, dans la place de celui qui fera nécessairement mieux que les autres. Les femmes (bien qu'elle en ait finalement rencontré peu dans le cadre de ses activités) encore plus. Allez savoir. Peut-être s'y retrouvent-elles. Peut-être pensent-elles faire pour Gigi ce qu'elles ne peuvent pas faire pour elles-mêmes.
« Par exemple, rien qu'hier, l'un d'eux exigeait que je sois installée à quatre pattes en plein Londres... »
Les halètements se font plus nombreux. Toute la scène est fabriquée, mais personne ne saurait le dire. Avec la magie et l'argent, n'importe quel fantasme est réalisable. Et celui-ci ne lui paraît finalement pas si aberrant. Elle verse volontairement dans l'obscène et dans les détails pour qu'on soit trop saturé pour réfuter, pour qu'on soit de toute façon trop absorbé par les déhanchés conjoints de son bassin pour se concentrer sur la technicité.
« Il voulait me voir, là, au sol, contre le pavé, humiliée et complètement nue alors qu'il me prenait par l'arrière. J'ai eu honte de jouir aussi vite. »
Gigi jouit sur commande, simule si bien qu'elle n'est même plus certaine qu'elle simule. C'est d'ailleurs ce qu'elle fait vers les derniers mots de son récit, qui s'étirent dans une succession de râles rauques et avides. Son dos cambré, ses muscles tendus, ne tardent pas à retomber gracieusement dans le creux des draps. Ses yeux restent clos, comme il n'a pas encore été ordonné qu'il en soit autrement.
« Voulez-vous que je continue, madame ? Que je me déshabille pour que vous puissiez mieux observer ? Puis-je rouvrir les yeux ? Peut-être m'autoriseriez-vous à voir votre visage ? Pour que je puisse me faire jouir une deuxième fois en vous regardant. »
Les mots sont un souffle, un murmure érotique. Le visage serait déjà un bon début, une bonne récompense, car un visage livre beaucoup de secrets, et que d'autres tomberont dans la foulée. Le masque est la clé.
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Avatar : Alycia Debnam-Carey
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Ministère de la Magie | /!\ Pareil qu'au dessus, gare au -18. - Spoiler:
Comment est-elle arrivée ici ? Impossible de se détacher du spectacle offert, impossible d'esquisser ne serait-ce qu'un mouvement supplémentaire de recul. Elle pourrait accélérer les choses, passer directement à la confrontation, mais maintenant qu'elle a demandé un show, elle en apprécie les moindres détails. Connaissant la nécessité qu'ont les femmes d'apprendre à mentir, Aveline sait qu'il y a au moins moitié de chances que Gigi fasse semblant de A à Z. Son histoire est aussi révoltante qu'excitante, mais est-elle vraie ? Ça n'a aucune sorte d'importance. Dotée d'un pragmatisme à toute épreuve, elle se contente d'apprécier en silence. Quelques caresses tendres n'ont jamais suffit à éveiller son envie ; la rafleuse a rapidement compris qu'il lui fallait autre chose, poussant son mari dans ses retranchements. De toute manière, n'était-ce pas ce que tous les hommes désiraient ? Des relations presque animales, à même d'exprimer un rapport de force dès lors impossible cacher.
Et si cet homme ayant pris Gigi à quatre pattes sur les pavés londoniens n'était autre que Gabriel ? Insensé. Pourquoi irait-il chercher ailleurs une sexualité qu'Aveline lui donnait déjà ? Pour le frisson de l'interdit, le risque d'être découvert, le plaisir de l'exhibitionnisme ?
En tout cas, c'est son visage qu'elle imagine en écoutant la voix de la demi-vélane. La scène n'éveille pas vraiment de colère, la sorcière étant trop excitée pour en avoir cure. Quand un dernier râle échappe à Gigi, sa cliente sert les dents pour faire taire son propre plaisir. Seule sa manière gênée de faire glisser son poids d'une jambe à l'autre pour soulager la tension pourrait révéler l'état de son entre-cuisse.
Peut-être m'autoriseriez-vous à voir votre visage ? Pour que je puisse me faire jouir une deuxième fois en vous regardant. Ces mots lui font l'effet d'un brutal rappel à la réalité. Elle n'est pas là pour... ça. Si Gigi veut voir son visage, elle le verra, mais peut-être regrettera-t-elle lorsqu'elle apprendra le nom associé à celui-ci.
« Tu peux ouvrir les yeux, mais il est inutile de continuer, lâche-t-elle d'une voix placide jurant avec l'humeur. »
Tirant sa baguette de sa manche, elle passe celle-ci devant le masque dont les bords se délitent peu à peu jusqu'à révéler son visage. Un visage neutre, gardant quelques rougeurs qui déjà disparaissent pour laisser place à une expression dure, son regard portant un froid jugement sur Gigi.
« Parle moi plutôt d'un de tes clients. Gabriel. »
La raison de sa présence est avouée en même temps que ses traits sont offerts au regard de la pute. Reconnaît-elle Aveline Rosier ? C'est possible mais elle ne s'en inquiète pas, au fond. Aucune prostituée intelligente n'irait cafter l'identité de ses visiteurs aux autorités, se risquant ainsi à un séjour prolongé à Azkaban voir une simple exécution.
« Ne me force pas à t'aider à retrouver la mémoire, s'il te plaît. Tu es magnifique, ce serait un triste gâchis. »
La voix ne révèle aucune émotion malgré la sincérité de cette déclaration. Les doigts caressent le bois de la baguette discrètement, un fourmillement parcourant sa main. Que ferait-elle, une fois la tromperie attestée ? Elle n'a pas encore décidé mais après ces premiers échauffements, son corps est tendu comme une corde, avide d'une délivrance qu'elle n'a pas pour habitude de lui refuser. Tuer ou torturer n'y suffirait pas : Aveline a la violence dans la peau mais pas tant la cruauté, et un vice ne peut en remplacer un autre si facilement.
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Avatar : Olivia Wilde
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Ouroboros | /!\ Toujours le même warning, attention.- Spoiler:
Gigi est satisfaite qu'on dévoile le visage après avoir si finement manœuvré. En revanche, elle l'est moins qu'on lui parle comme à un chien. Et moins encore de découvrir à qui il appartient. Au départ, la brune ne lui dit trop rien. Elle est belle, oui, d'une beauté presque banale. Mais quand elle mentionne finalement Gabriel, une vague réminiscence lui revient brutalement. Sa femme. Aveline Rosier. Les femmes trompées et bafouées font les pires dégâts. Il faut toujours les gérer avec la plus grande des délicatesses, surtout lorsqu'elles s'avèrent être sang-pures, et elle une moins que rien. Heureusement, Gigi connaît les rouages. Son cœur se met même à battre d'une excitation plus franche. Elle doit changer de fusil d'épaule. Immédiatement. Mettre en branle les mécaniques, et afficher son plus beau sourire confus. Elle se redresse sur le lit, s'y assoit de façon servile pour mieux faire face à la Rosier sans pour autant l'excéder.
« Je suis navrée madame... Mais ce commerce repose sur ma discrétion. Je ne peux malheureusement pas parler de Gabriel avec vous. Dit-elle de sa voix la plus désolée. »
Gigi est complètement hermétique aux menaces. Ses yeux ne tentent même pas de s'attarder n'est-ce qu'une seconde sur la baguette. Ils préfèrent scruter le visage, décoder les gestes, comme ces doigts qui jouent nerveusement avec l'alliance, ou le spectre du désir passé qui rôde encore aux pupilles. Ce n'est pas la première femme adultère qui vient lui rendre visite, et par-dessus tout, la Rébellion lui en a fait voir des pires. Elle sait néanmoins qu'il en faudra plus pour satisfaire Aveline, ou apaiser sa colère. Peu importe le résultat, la sang de vélane sait déjà sous quel angle attaquer, et si besoin, elle sait aussi très bien encaisser la douleur. Le propre des femmes.
« Gabriel est un homme bien. Un homme bon. Mais comme tous les hommes, il a des besoins, et des vices. »
Gigi laisse intentionnellement Aveline dans le flou, pour que son imagination court aux pires théories. Elle s'en fiche. C'est le but. Quand les gens se mettent en colère, quand ils deviennent fous, c'est là qu'ils sont paradoxalement le plus vulnérable. C'est là qu'ils commettent des erreurs. Et c'est ce que la vélane a besoin. Des erreurs. Des indices. Tout ce qui pourrait lui être utile pour la Rébellion des Cendreux. Pour l'Ouroboros. Les Rosier en particulier savent l'intéresser, puisqu'elle a investi l'un de leurs vieux manoirs.
« Si je peux me permettre de vous donner un conseil... S'hasarde-t-elle avec une timidité-écran. »
La phrase est suspendue, comme arrêtée pour attendre l'aval de la sang-pure, ou au contraire, une indication de se taire. Gigi l'a vue. Et elle en est quasiment certaine : Aveline Rosier a apprécié le spectacle. Un doute raisonnable veut donc qu'on puisse céder à ses charmes. Le sourire devient plus sulfureux, plus obscène, quoiqu'il garde sa part toute fabriquée d'innocence. Et telle le serpent, la vélane se rapproche subtilement de sa cliente. A genoux devant elle, elle l'observe, tantôt chien battu, tantôt chienne.
« Vous ne devriez pas vous formaliser de ses opinions. Faites comme lui. Profitez de l'argent que vous avez dépensé. »
D'une main experte, elle défait l'attache dans sa nuque, et la robe tombe pour dévoiler son corps nu. Ses bras s'enroulent prudemment autour de son cou, prêts à se retirer au moindre signe de danger.
« Profitez de moi. Prenez-moi. Mieux, punissez-moi... Je suis sûre que vous en rêvez. Me voir hurler. De plaisir ou de douleur. L'un et l'autre ne sont-ils pas de proches cousins ? »
Sur la fin, son discours n'est plus qu'un murmure dispensé au creux de l'oreille. La proximité des corps, et la peau dévoilée rendent ses charmes de vélane hypnotiques, quasi-étouffants, et si Aveline Rosier souhaite s'en dépêtrer, il lui faudra une discipline mentale qui forcerait même son respect.
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Ministère de la Magie | /!\ Encore quelques passages -18. - Spoiler:
Mauvaise réponse. Aveline se crispe aussitôt, les épaules tendues par la colère naissante alors que ses sourcils se froncent légèrement. Les manières policées et le sourire innocent n'y font pas grand chose, la Nott y restant insensible - elle-même connaît par cœur ce numéro gage de survie en société.
Elle écoute pourtant les mots qui suivent, scrutant Gigi avec une attention décuplée. Ce qu'elle entend ne lui plaît pas, mais elle se doit d'aller jusqu'au bout, de connaître les détails de cette sordide affaire. Elle a besoin de connaître la vérité, peu importe à quel point celle-ci est salissante. Secrets et mensonges ont déjà suffisamment détruit sa famille.
Seule la vision de la pute à genoux devant elle fait brièvement flancher sa volonté. Elle l'attraperait volontiers par les cheveux pour la jeter en arrière et finir ce qui avait été commencé. Elle pourrait même la retourner, comme avait sûrement fait Gabriel, et la coincer contre le matelas pour la baiser jusqu'à ce que cette souillon la supplie d'arrêter. Mais Aveline sait sentir quand le contrôle lui échappe. Sa mâchoire se crispe alors qu'elle observe la demi-vélane d'un œil froid. Son corps dénudé est un cadeau presque impossible à refuser. Un frisson dévale l'échine de la sang-pure quand les bras de Gigi viennent se glisser autour de son cou, tel un serpent assurant sa prise sur sa proie.
« Le jeu est terminé. Je vois très bien ce que tu tentes de faire. Je ne suis pas venue ici pour te punir mais pour avoir des réponses. »
Sans précipitation, elle attrape les poignets de la prostituée et les écarte sans les lâcher. D'un geste habitué, elle s'extirpe de ses talons puis la pousse à la renverse, accompagnant le mouvement jusqu'à venir s’asseoir sur ses hanches. Sans défaire sa prise, elle promène un regard cachant mal son appréciation sur ces formes vers lesquelles elle n'aurait qu'à tendre les doigts.
« Si mon mari veut satisfaire ses besoins et ses vices, il n'a pas besoin d'aller voir ailleurs. Je lui ai fait comprendre il y a longtemps qu'il peut avoir tout cela avec moi, justement pour éviter qu'il ne m'humilie. »
Elle a l'impression de se justifier mais c'est visiblement ce dont Gigi a besoin d'entendre pour cesser ses jeux de charme. Des explications prononcées d'une voix terre à terre, dénuée du moindre affect.
« Alors, oublie la confidentialité et commence à parler. »
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Ouroboros | /!\ Toujours le même warning, attention. Propos sexuels.- Spoiler:
Gigi déteste devoir se laisser faire, manipuler, jeter contre le lit, et surplomber. Mais l'habitude est là, ancrée jusque dans sa peau. Les sang-purs ne changeront jamais. Alors pour l'instant, pour l'instant que la société leur est favorable et pour l'instant qu'elle ne vaut pas mieux qu'une esclave, la sang de vélane continue de sourire poliment, et ne réplique pas ni ne se débat. Ce n'est pas la peine. Dans ces jeux-là, on n'obtient moins par la force que par la manipulation. Et pourtant ça brûle de douleur, ça se répand des côtes aux tempes, comme une maladie foudroyante et incurable. Les idées noires, les pulsions assassines. Il suffirait d'un moment d'inattention, d'une toute petite seconde, pour qu'elles prennent le pas sur Gigi. Pour qu'elles guident ses mains jusqu'au cou, et ses dents jusqu'à la chair.
« Vous n'avez pas besoin de vous justifier devant moi, madame. Je ne vaux rien. Rien du tout. Mais comme je vous l'ai déjà stipulé, je ne peux pas trahir la confiance d'un de mes clients. Qu'en penseraient les autres, ensuite ? »
La sang de vélane explique les choses calmement, toujours navrée et toujours docile. On dirait presque qu'elle tient vraiment à protéger ces gens. Ça peut se comprendre : d'un œil purement extérieur, ils sont son gagne-pain.
« S'il-vous-plaît, ne m'insultez pas et ne vous insultez pas en prétextant que vous ne direz rien. Tout le monde promet ce genre de choses, et éventuellement, tout le monde finit par briser ces promesses. »
La voix est respectueuse, un peu triste. Elle joue parfaitement son rôle de vélane frêle et fragile, sans doute de nombreuses fois trahie et abusée. Délicate créature qui n'aspire qu'à survivre et à travailler honnêtement pour gagner son pain. Même si c'était vraiment le cas, étant donnée la nature de ses relations avec Gabriel Rosier, Gigi n'a pas tant besoin de mentir pour lui. Ils ne couchent pas ensemble. Mais c'est une question de principe, une question d'opportunité, aussi. Si sa femme, oui, alors l'affaire fera un levier tout à fait acceptable, un atout à jouer plus tard, pour la Rébellion, pour l'Ouroboros ou pour elle-même. C'est comme ça que les artistes de Vertigo tirent les ficelles qui forment leur toile.
« Je suis navrée, mais encore une fois, je ne peux vraiment pas vous donner d'informations sur la nature de mes relations avec Gabriel. »
Le monte-plats magique interrompt la scène d'un cliquetis surnaturel, dépose la bouteille de rosée et deux verres sur le bureau, or ses yeux cristal ne quittent jamais ceux d'Aveline. Ça serait une erreur que de détourner son attention.
« Je vous rappelle tout de même que j'appartiens à la famille Greengrass, et que je suis sous leur protection. »
Depuis le milieu de son adolescence, elle est effectivement au service (pour ne pas dire propriété) de Leona Greengrass, et plus officiellement du père de celle-ci. Généralement, ça suffit à dissuader ceux qui vont trop loin dans la torture et les sévices physiques. Peut-être qu'il est également temps de commencer à appuyer où ça fait mal, à pousser les boutons des nerfs et des désirs. Car il est là, le désir, juché dans les pupilles d'Aveline Rosier.
« Et si vous me faisiez ce que vous lui faites d'habitude ? Ce qu'il vous fait à vous, d'habitude ? De cette façon, je pourrais acquiescer ou non, selon ce que lui me fait ou ne me fait pas. Silencieusement. Sans que je n'ai à me compromettre. »
Ça lui paraît être un bon compromis. Il suffit de ça, d'un os à jeter pour qu'on lui cède. La sang-pure n'est pas loin de céder, elle le sent.
« Je vous en prie, madame. Soyez clémente avec moi... Supplie-t-elle de sa moue la plus chancelante. »
Cette fois, on voit qu'elle joue un rôle, qu'elle fait exprès d'exposer ses faiblesses. C'est un jeu. Un jeu dans lequel Aveline joue le rôle de bourreau. Car c'est dans ce genre de fantasmes qu'ils s'abandonnent le plus vite, dans ces rapports de force et de domination unilatérale.
« Laissez-moi vous toucher... Laissez-moi au moins me toucher. J'en ai besoin. Achève-t-elle sa performance. »
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Ministère de la Magie | /!\ -18. - Spoiler:
Aveline a beau connaître ses propres envies, elle n'en est pas moins perturbée par la situation. Sous elle, c'est une femme, cet interdit qu'elle ne s'est jamais autorisée ; en prime, toucher un autre que Gabriel ne lui était jusque là pas venu une seule seconde à l'esprit... Car dès lors, elle serait aussi détestable que sa mère. Mais est-ce différent, s'il s'agit d'une femme avec laquelle Gabriel a couché ? Fermant les yeux, elle fronce les sourcils, toute l'absurdité de ce complexe problème lui retournant les méninges. Habituée à régler la majorité des problèmes par la force ou le sexe, elle est forcément tentée d'avoir recours l'une de ces solutions plutôt que de réfléchir.
Et les déclarations de la pute n'aident pas son humeur. Se vanter ainsi d'être sous la protection des Greengrass... Gigi a le goût du danger ou est inconsciente des réactions... disproportionnées, de certains sang-purs. Mais Aveline n'est pas vraiment l'exemple parfait de l'enfant gâtée, malgré ses élans parfois sanguins. Aussi déterminée soit-elle à obtenir ce qui lui revient de droit, elle devine sans peine que passer à tabac la sang de vélane ne lui apporterait pas grand chose de plus que des démêlées avec les Greengrass.
Ses doigts relâchent d'ailleurs soudain les poignets et elle se redresse, comme pour fuir les suppliques obséquieuses de la prostituée. Ses propositions indécentes voient juste mais ignorent un paramètre. Sa capacité à durcir sa carapace pour résister à ce qui l'entoure, les attaques comme les tentations. Gigi peut certainement sentir l'humidité entre ses cuisses, alors qu'Aveline se redresse et s'écarte, s'asseyant au bord du lit. Ses yeux tombent alors sur la bouteille de rosée et elle se fige. Il est interdit de consommer telle boisson n'importe quel jour de la semaine. Interdit de coucher avec quelqu'un du même sexe, en particulier quand on a le sang pur. Encore plus interdit de toucher à un impur ou pire, un hybride, même quand le risque de grossesse est inexistant.
Beaucoup d'interdits qu'elle ne se serait jamais imaginée braver. Son père aurait eut honte d'elle pour moins que ça.
« Arrête, lâche-t-elle d'une voix transpirant l'angoisse. »
Pourquoi Gabriel a-t-il fait ça ? Si elle se retrouve empêtrée dans cette histoire, c'est entièrement sa faute. Peut-être n'aurait-elle jamais cédé si elle ne s'était pas retrouvée seule avec cette créature. Après tous ses efforts pour être parfaite, après lui avoir donné deux enfants et en avoir perdu un troisième... Pourquoi la trahir de la sorte ? Certes, ils n'ont jamais filé la parfaite idylle, mais elle le pensait loyal envers les siens. C'était sa plus grande qualité. Une loyauté jetée au feu et pour quoi ? Une créature contre-nature.
« Nous en avons fini. Si tu ne veux pas parler, je ne peux pas faire confiance à tes petits jeux. Tu me rends irrationnelle et incapable de discerner le vrai du faux. »
Se levant, elle entreprend de remettre ses talons en ignorant la nausée qui commence à remplacer l'excitation. Dégoûtée d'elle-même, enragée de ne pas pouvoir simplement lui fracasser le crâne jusqu'à ce qu'elle parle, Aveline est pratiquement tremblante de frustration.
« J'aurai les détails par Gabriel. Il ne reviendra pas te voir. Si j'apprend que tu l'as approché dans mon dos, crois-moi que les Greengrass ne m'arrêteront pas. »
La menace est lancée avec une assurance feinte. Mais si elle doit en arriver là, elle n'hésitera pas à faire disparaître la sang de vélane, et n'aura plus qu'à prier pour que les Greengrass ne découvrent pas les détails de l'affaire.
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Ouroboros | /!\ -18- Spoiler:
Et aussi simplement que ça, Aveline Rosier renonce. Gigi pourrait la mettre au rang de tous les autres, de tous ceux qui l'ont menacée pour au final se raviser. Mais elle arrive à discerner l'angoisse, la frustration et les appétits qui se dissimulent dans les plis des traits, et les coins du corps. C'est d'autant plus facile qu'elle l'a sentie humide contre elle, et que ce qui se balade dans les yeux trompe rarement. Malgré son expérience à prétendre, Gigi elle-même est obligée de trouver des subterfuges, de déguiser la rage en passion, ou d'être assez excitée pour que ses pupilles dilatées cachent l'ombre, plus sournoise et dangereuse, qui rampe là.
Gigi la laisserait bien partir, mais elle ne peut pas. Pas avant d'avoir réussi à récupérer quelque chose sur Aveline Rosier. Il serait stupide de lui abandonner la main, maintenant qu'on l'a ouvertement menacée. Puisque la docilité et les supplications ne marchent pas, il va falloir changer de tactique. Et comme s'il suffisait d'appuyer sur un bouton, le regard de Gigi devient plus affûté et la pose plus assurée.
« Vous savez, j'avais du mal à comprendre... Commence-t-elle l'énigme dans la voix, simplement pour attirer l'attention. »
D'un geste félin, Gigi se redresse de tout son long, nullement gênée par sa nudité presque totale. Son sourire pue le vice et la provocation.
« Ce qu'il vous reprochait, je veux dire. Explicite-t-elle. »
La vélane fait mine de s'approcher d'Aveline, laisse traîner un index à la cime de son menton sans toutefois le caresser. Et puis, elle la dépasse sans demander son reste et se place dos contre la porte, visiblement pour l'empêcher de partir. Elle n'a plus toutes ces manières guidées, ce menton qui se baisse, ou ces yeux qui fuient de timidité ou de respect. C'est là qu'on comprend une partie de son potentiel, qu'on cerne quelques-unes de ses multiples facettes.
« Il ne le dit pas clairement, je vous rassure. Comme je l'ai précisé, c'est un homme bien. Mais je le vois. Dans ses yeux, quand je suis à genoux devant lui. A quel point il vous imagine à ma place... »
Comme pour instaurer un parallèle malsain entre l'histoire et la réalité, Gigi se met lentement à genoux, toujours en barrage à la porte. Elle attend sagement qu'Aveline Rosier se rapproche. Si l'on souhaite sortir, on se rapprochera forcément. Cette situation l'amuse autant qu'elle l'énerve. Elle voudrait plaquer cette fausse prude contre un mur et lui battre les rotules jusqu'à ce qu'on la supplie d'arrêter. Elle voudrait lui arracher l'annulaire et lui montrer ensuite autour de son cou. Elle voudrait sortir un flingue et lui enfoncer dans la gorge.
« A quel point il a besoin qu'on s'occupe de lui. A quel point il se sent abandonné et délaissé par sa femme. »
Ses mots pourraient être doux, mais ils sont volontairement tranchants, balancés tels des poignards. Elle sait que provoquer Aveline Rosier est une mauvaise idée. Mais elle sait aussi que si elle ne la pousse pas à bout, la sang-pure saura se contenir. Ne l'a-t-on pas déjà démontré ?
« Tu l'as abandonné, Aveline. »
La phase suivante de l'avilissement : le non respect des politesses et du vouvoiement. Le non respect de la hiérarchie sociale instaurée par le Régime.
« Tu l'as déçu. Tu n'es qu'une ratée. Et la vérité, c'est que tu ne vaux pas mieux que moi... C'est que de nous deux, c'est toi, qui devrais être à genoux, entrain de me supplier. »
Gigi appuie sur tous les points sensibles qu'elle a découvert durant leur courte entrevue. Il n'est pas difficile de broder un peu autour, de supposer certaines choses pour mieux les salir, d'adapter des histoires génériques aux maigres faits qu'elle a en sa possession. La sang de vélane en connaît des tas, des histoires sordides de sang-purs racontées sur l'oreiller.
« Tu es tellement obnubilée par ton idée de perfection que tu penses avoir des choses à prouver devant une pute. Tu te rends comptes de l'absurdité de la situation ? Qu'est-ce qui est pire, dis-moi, Aveline, partir tremblante et frustrée de n'avoir eu ni réponse ni sexe, ou continuer de te faire humilier de la sorte par une impure telle que moi ? »
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Ministère de la Magie | /!\ -18 - Spoiler:
Aveline ramasse son manteau et commence à le remettre. Elle ne prend pas la peine de se retourner au début de son discours, ignorant ostensiblement la prostituée. Elle se fige cependant à la mention des reproches. Elle les connaît par cœur, les doléances de Gabriel, mais aucune ne concerne le sexe ; elle en est certaine. Alors que peut-elle bien en savoir, cette garce ?
Sourcils froncés et menton haut, elle détourne la tête en voyant approcher l'index, fusillant la sang de vélane d'un regard d'avertissement. Mais la blonde s'éloigne, se colle à la porte comme pour lui barrer le chemin et Aveline hausse les sourcils, étonnée. Pourquoi s'entêter de la sorte ? Elle devrait s'estimer heureuse et passer à autre chose, au lieu de tenter ainsi sa chance...
Au lieu de l'insulter avec si peu de finesse. Aveline la fixe en silence, aucune réaction n'apparaissant avant de trop longues secondes. Gigi a fait un juste rappel, en vérité : une Rosier n'a rien à prouver devant une pute. Alors pourquoi s'offenserait-elle de son avis ? La provocation est grossière, trop directe pour véritablement toucher une corde sensible. On lui a déjà donné tous ces noms : déception, ratée, pas mieux qu'une impure...
Alors quand la gifle finit par partir, ce n'est pas un geste sanguin ou spontané, mais bien un coup calculé froidement pour jeter la pute au sol. Oui, on lui a déjà donné tous ces noms. Et bien souvent, Aveline n'a pas eut le droit de répliquer face à ceux de son propre rang. La provocation de cette imbécile est une perche tendue, une opportunité de vengeance difficile à refuser. Autrefois, elle aurait peut-être même instantanément perdu le contrôle, tuant la vélane simplement pour la faire taire. L'envie passe d'ailleurs brièvement dans ses yeux et dans le mouvement crispé de sa mâchoire. Un simple geste suffirait à lui briser la nuque...
« Incarcerem. »
Baguette pointée sur la prostituée, des cordes en jaillissent pour venir contraindre sa silhouette dénudée. Leur matière rêche fait apparaître des traces rouges partout où elles passent, et si Aveline est honnête avec elle-même, le spectacle n'est pas déplaisant. Classique mais efficace.
« Que cherches-tu à accomplir, traînée ? »
Les lèvres de la sang-pure se retroussent en une moue méprisante. Impossible de faire confiance une seule minute aux hybrides. Qui sait ce qu'ils manigancent ? C'est le propre des êtres souillés : tenter à tout prix d'emporter les autres dans leur éternelle chute.
« Pourquoi tiens-tu tant à ce que je cède à tes charmes ? Tu ne supportes pas qu'on te résiste, ou tu espères ajouter un autre Rosier à ton tableau de chasse ? »
Mettant un genou au sol à coté d'elle, Aveline plonge une main dans ses cheveux et referme le poing.
« Et range ton numéro de la pute qui me désire, je ne suis pas née de la dernière pluie. »
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Ouroboros | Quand Aveline Rosier décoche une gifle, Gigi est préparée à encaisser cent. L'impact la fait vaciller et tomber sur le côté. Elle a tout juste le temps de s'essuyer le coin de la bouche d'un revers de poignet qu'on lui lance ensuite un incarcerem. Les frictions des cordes brûlent la peau nue. Dans d'autres circonstances, peut-être qu'elle aurait lâché un gémissement ou deux. Ici, ce n'est plus ce que son public recherche, alors Gigi ravale son sourire et grince des dents tel un animal acculé. Il n'est jamais question que de prétendre la frustration de son plan échoué. Mais prétendre est tout de suite plus facile lorsqu'on nourrit des sentiments cousins à ceux qu'on simule. Les flammes d'une rage incandescente lèchent l'intérieur des côtes. Ces sang-purs... Tous les mêmes. Avec leur faux-honneur stupide et leur manie de faire tourner le monde autour d'eux. Ils mériteraient qu'on le leur encastre sur la figure, ce royaume bancal et consanguin dans lequel ils se complaisent.
« Je croyais que ça te ferait plaisir. De te sentir désirée. Voulue. Au moins par quelqu'un, même si ça doit être moi. J'ai eu tort, visiblement. Geint-elle entre ses deux rangées de dents serrées. »
La prise aux cheveux lui arrache une grimace éprouvée. Ce petit jeu l'amuse plus qu'il ne devrait. Car Aveline Rosier a une détermination et une abnégation qui paraissent toutes deux faire fi de ses prédispositions naturelles. Ces êtres là sont si rares que Gigi y est attirée comme un papillon à la flamme. Comme un jeu morbide dont la défaite conduit souvent à la neutralisation. C'est ce qu'elle compte faire. Neutraliser Aveline Rosier. Sans doute pas aujourd'hui, sans doute pas demain. Mais un jour. Un jour, au lieu de rester là, à feindre les victimes, elle se relèvera, pointera un flingue entre ses deux yeux, et répandra sa foutue cervelle sur ce plancher. Mais pour l'instant, elle se contente de grogner, de se débattre pour la forme, quitte à laisser quelques plumes à la corde.
« Je suis consciente de ne pas être grand-chose pour vous. Mais j'essaye d'aider, de servir le Seigneur des Ténèbres au mieux. Comme je peux. C'est mon talent : je sais ce que les gens veulent. Je sais ce dont ils ont besoin. Et j'incarne ces besoins. Pour au moins les soulager un peu de ce fardeau. »
La carte de la servante docile du Seigneur des Ténèbres ne marchera peut-être pas avec Aveline Rosier, Gigi est même persuadée que non. Mais elle lui donnera d'autres atouts, lui permettra de rebattre le paquet, et d'attaquer sous d'autres angles.
« Nous ne faisons rien de mal. Ce n'est pas comme si l'un d'eux comptait me faire un enfant... Mais c'est pour ça que la confidentialité de mes clients me tient tant à cœur. »
Son regard presque larmoyant tente de trouver celui d'Aveline. La sang de vélane est tout à fait sérieuse, tout à fait résolue, et tout à fait disposée à se plier aux volontés qu'on lui infligera. L'espace d'un instant, aussi bref qu'énervant, elle en veut à Gabriel d'avoir manqué de prudence. Car si Aveline est là, c'est forcément qu'on a trouvé des indices. Le vrai problème, ce qui l'horripile plus que tout, c'est qu'elle lui en veut personnellement. Comme on en veut à quelqu'un, le plus souvent à un ami, pour une trahison. Peut-être que ça, peut-être que coucher avec sa femme est dès lors devenu en partie personnel également, et qu'il s'agit moins de satisfaire ses ambitions rebelles que de l'instrumentaliser pour une vengeance.
« Ce n'est pas différent pour toi, Aveline. Je peux exaucer tes désirs. Tout ce que tu veux, tout ce que tu demanderas, tu l'auras. Et personne n'en saura rien. Personne ne saura jamais que tu as osé baiser une autre femme. Que tu as osé baiser une impure. Sauf toi. Peut-être que c'est ça, qui te dérange le plus. Le reflet que tu regardes tous les matins. Mais je sais que tu es attirée par les femmes... Toi aussi, tu le sais, à chaque fois que tu te regardes. Tu sais que tu aimes les femmes. Répète-t-elle pour mettre l'accent sur son propos. Que ton corps n'en peut plus. Un jour, tu perdras le contrôle. Un jour, tu devras relâcher ces pulsions. C'est inévitable. Tu as déjà failli céder, tout à l'heure. Alors pourquoi ne pas le faire selon tes conditions ? Ici. Dans un environnement que tu peux contrôler. »
La voix est douce, tentatrice. Gigi est perspicace et efficace, toujours. D'une façon ou d'une autre, elle obtiendra ce qu'elle veut. Peut-être même à l'usure. Aveline Rosier est déjà usée jusqu'aux os. | | | Messages : 54
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Ministère de la Magie |
Les mots de la prostituée tentent de s'imiscer derrière les barrières bâties par Aveline, ces remparts forgés par des années à entendre bien pire. Être désirée... Elle a pleinement conscience de la faiblesse engendrée par un tel besoin. Personne ne peut s'empêcher de le ressentir, d'une façon ou d'une autre, mais il est possible de s'en détacher en partie. En regardant la vérité en face : si elle avait attendu d'être désirée par son entourage, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Gabriel... est un autre problème. Un imprévu. Jusqu'ici, elle pensait pouvoir l'ignorer et attendre qu'il se lasse - elle aurait dû se douter des potentielles conséquences. Gabriel est sûrement un homme bon, comme l'a si bien dit Gigi. Mais c'est surtout un homme faible.
Aveline dévisage la blonde alors que ces pensées traversent son esprit, envoyant des émotions désagréables lui chatouiller le ventre. Elle continue de jouer, cette garce, comme si tout ceci n'était qu'une vaste pièce de théâtre interprétée par des actrices échevelées. La sang de vélane passe d'ailleurs d'un registre à l'autre avec une facilité déconcertante. Aveline ne doute pas qu'elle tienne à la confidentialité de ses clients car c'est dans son intérêt, mais a bien plus de doutes quant à sa prétendue volonté de servir le Seigneur des Ténèbres. Rares sont les individus véritablement dévoués à ce dernier - même Aveline ne peut se targuer d'en être, bien qu'il faudrait lui sonder l'esprit longuement pour en tirer cette vérité : sous sa coupe ou sous celle d'un autre, ça n'a pas grande importance, tant qu'elle a ses chances de restaurer l'honneur des Nott.
Mais Gigi finit par toucher juste. Aveline tique, ses doigts se retirant de la crinière blonde. La pute voit-elle juste ? Va-t-elle un jour céder au mauvais moment, au mauvais endroit, à ces envies contre-nature ? Voilà longtemps qu'elle vit avec, s'étant résignée à ignorer les tentations et à se contenter du plaisir apporté par Gabriel. Lui, en revanche, n'avait pas su s'en contenter...
« Tu as peut-être raison. On perd tous le contrôle, un jour ou l'autre. »
Un aveu rare, pour une maniaque de la contenance s'étant donnée pour mission de paraître irréprochable. Une chape de fatigue semble soudain tomber sur ses épaules, dissimulées sous l'épais manteau noir. Elle se laisser aller à s’asseoir près de la prostituée et, du bout des doigts, parcoure sa clavicule. Sa moue s'est changée en une expression las, ennuyée.
« Ne va pas t'imaginer que je ne vois pas clair dans ton petit manège... Tu n'as pas vraiment répondu à ma question, à part avec des mensonges. Comme toutes les femmes, tu mens comme tu respires. »
Aveline laisse son regard se promener sur le corps parfait, les traits anormalement beaux, les yeux où elle pourrait déceler mille secrets, si elle était un peu plus douée avec ces choses-là. Si elle avait le courage de chercher à comprendre. En vérité, elle ne veut pas savoir : ce qui dort sous l'eau ferait mieux d'y rester, elle en sait quelque chose.
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Ouroboros | Une fêlure dans le masque apparaît. Et immédiatement, la poigne se relâche. Libres de cette pression physique, les traits de Gigi se détendent. Aveline Rosier doute, se pose au moins la question. Parfait. Ce n'est pas encore une victoire, pas encore un résultat, mais c'est une faiblesse à exploiter, une ouverture à enfoncer. Et la voila qui s'assoit près d'elle, qui range sa colère au profit d'une mélancolie fatiguée. Les yeux de la demi-vélane deviennent caressants, presque conciliants. Qu'on soit clair : Gigi n'a aucune compassion ou aucune once de sympathie pour la sang-pure. Sa vie est difficile ? Pauvre chou. Que devrait-elle dire, alors ? Mais c'est l'occasion de concrétiser sa percée, de nouer des liens qui feront procéder Aveline, même revenir. S'il est tout bonnement impossible qu'elles deviennent amies, il serait mentir que d'ignorer leurs connexions préexistantes et leurs points communs. Le plus évident est Gabriel, et le sentiment de trahison qui lui est associé. Désormais, il ne tient plus qu'à l'hybride de jouer ses cartes, et de les jouer bien.
« C'est parce que vous autres n'êtes pas prêts à entendre la vérité. »
Il est évident qu'elle mentionne les sang-purs. Au reste, le mot autres ne comporte ni relents haineux ni reflets dédaigneux. Gigi décoche un sourire frondeur, et ne remarque qu'à rebours que ça ne la brûle plus tant. Le contact. Ou plutôt s'y est-elle accoutumée. Son faible pour les femmes et sa contre-habitude d'en accueillir si peu, sans doute.
« Je n'aime pas qu'on me mette en danger, moi, mon travail, ou ma Directrice. »
Les plus beaux mensonges sont brodés de vérités. C'est ce qu'elle fait, toujours. Il n'est rien de plus purs que les sentiments qu'elle a pour Leona Greengrass, et rien qu'elle désire plus que de la protéger. On sent néanmoins que ce n'est pas le point principal de son (futur) discours, et qu'il y a plus important à venir. Gigi aime parler, Gigi aime s'entendre... Et plus important : Gigi sait le faire. De façon hypnotique et fédératrice. De façon à ce qu'on l'écoute, à défaut de tomber d'accord. Et ces sang-purs... Ah, ces sang-purs. Elle doit admettre qu'au-delà de sa haine initiale, il y a aussi un plaisir malsain à la cultiver. Les embobiner pour mieux les détruire.
« Gabriel m'a mise en danger. Donne-t-elle enfin du sens et de la consistance à son propos. Me taper sa femme serait une compensation acceptable. »
La voix est joueuse, le sourire toujours là, mais les pupilles brûlent de vengeance. De fureur. D'aigreur. Le contexte lui permet de les laisser s'exprimer, de ne pas tenter de les cacher ou de les substituer. Au fond, il y a une part de vérité. Elle en veut à Gabriel. Et si baiser Aveline Rosier aurait quelque chose de tout à fait satisfaisant, il est quand même moins question de dédommagement que de devoir pour la Cause.
« Avec tout le respect que je vous dois, évidemment. »
Le sarcasme teinte intentionnellement ses mots. Il manque de déférence et d'humilité, provoque gentiment sans trop verser dans l'insolence. Gigi tente une dernière fois de se débattre pour tenter de s'extirper des cordes. Elle sait qu'elle n'y arrivera pas, mais peut-être qu'Aveline songera à la détacher. Qui sait.
« Et ça, madame, c'est la vérité. » | | | | | |
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